10 pièges de la méditation

À travers les nombreux cours et ateliers donnés ces dernières années, plus ceux auxquels j’ai participé, j’ai recensé les pièges les plus courants qui altèrent et perturbent la pratique de méditation.

Évidemment, ces 10 pièges représentent une tendance et non l’exhaustivité de la complexité de l’être humain lors de sa pratique de méditation. Il existe bien d’autres pièges, certains génériques et d’autres uniques à chacun et chacune de vous.

En tout cas, mon intention est de désamorcer un bon nombre de tensions intérieures pour vous permettre de pratiquer dans des conditions optimales.

 

Piège #1 : Faire le vide

Cette notion est souvent véhiculée et prête souvent à confusion. Même l’espace autour de la terre, sans oxygène, n’est pas vide. Nous ne percevons pas tous les éléments qui le composent mais nous savons avec certitude que même l’espace n’est pas vide. Alors comment pourrait-il en être autrement lors de votre pratique de méditation.

Cette notion de « faire le vide » évoque plutôt le fait de ressentir, de faire l’expérience d’une sorte de vide quand nous sommes présents, conscients des éléments intérieurs (sensations, émotions, pensées) et extérieurs (sons, odeurs, objets) qui composent l’expérience du moment de notre pratique.

 

Piège #2 : Penser à rien

L’un des pièges les plus courants !

Essayez de penser à rien et le fait de vouloir penser à rien, c’est déjà une pensée !!! Notre mental est une fascinante usine à produire des pensées. Il est animé, tel l’univers, le soleil et tout être vivant de la même énergie et du mystère qui anime toute chose. Vouloir arrêter notre mental de penser revient au même que vouloir arrêter la terre de tourner, le soleil de briller, la vie d’être animée !

La pratique de méditation amène justement à reconnaître ce mouvement universel, qui anime aussi notre mental et nos pensées, pour l’accueillir pleinement et accepter toutes leurs émanations. Avec la pratique, le fait de s’ouvrir pleinement au mouvement du mental, va permettre aux pensées de circuler librement, sans interférences de pensées (« il faut pas que je pense », « je dois arrêter de penser »…). De ce fait, un ressenti de calme mental va se diffuser en soi, justement parce que nous laissons le flot du mental suivre son cours ; tel le ressac sur une plage.

 

Piège #3 : Vouloir autre chose

Certes l’intention est importante avant une pratique de méditation ; quelle est l’intention de ma pratique d’aujourd’hui ? (exemple : cultiver la compassion, calmer mon mental,…).

Cependant, l’essence de la pratique de la méditation pleine conscience est d’arriver à accueillir tout phénomène intérieur et le laisser être, puis se dissiper de lui-même. Si pendant ma pratique je ressens quelque chose qui me plaît moins et que je souhaite changer, je viens altérer le flot de ce qui se passe naturellement. C’est un peu comme si je soufflais sur les nuages pour vouloir les faire partir, alors qu’ils vont se dissiper tout seuls (par le vent ou la pluie) pour révéler un beau ciel dégagé.

Donc il est important de rester vigilant quant à ce qui se passe lors de sa pratique de méditation et de laisser simplement les choses apparaître, suivre leurs cours et disparaître. Le vent du changement est constant.

 

Piège #4 : Retrouver une expérience particulière

Lorsque nous faisons l’expérience d’une pratique de méditation bien particulière aux effets bienfaisants, l’un de nos réflexes est de vouloir retrouver, de ressentir cette même expérience lors d’une prochaine pratique. Et nous voilà à comparer nos pratiques, ce qui entraîne bien souvent du mécontentement ou une forme de frustration.

En fait, nous nous attachons à une expérience unique que voulons absolument revivre ; « Ah quelle merveilleuse méditation j’ai fait il y a 3 jours ! ».

Cependant le vent du changement est constant et vouloir retrouver une expérience identique va très souvent causer plus de tensions que de bienfaits.
Chaque expérience, chaque pratique est unique ! Alors appréciez chacune d’elle pour ce qu’elle est avec ce qui s’y passe d’unique puisqu’il ne se passera jamais exactement la même chose d’une pratique à l’autre. Bien sûr, profitez d’autant plus d’une pratique où le calme mental est particulièrement présent et si ce n’est pas le cas, simplement reconnaissez que votre mental est plutôt agité lors de votre pratique.

 

Piège #5 : Pas bouger !

Bien souvent quand on débute, c’est tout à fait naturel, que notre corps – unique et pas entraîné – mette un certain temps à s’habituer à la position de méditation ; Que l’on soit assis en lotus, en demi-lotus, sur une chaise ou un coussin spécialement prévu à cet effet (Gomden, Zafu,…).

Et c’est sûr que regarder des méditants qui ont des dizaines de milliers d’heures de pratiques, que ce soit en vidéo et surtout sur des photos, ils sont plutôt statiques.

Ainsi, on en vient à penser qu’il ne faut pas bouger pendant sa pratique, que c’est pas bien. Lorsque vous débutez ou même si vous êtes initié, si vous sentez à un moment que vous ne pouvez plus tolérer un fourmillement, une démangeaison sur une partie de votre corps, agissez en conscience (bougez un peu la partie, grattez-la si nécessaire) et continuez votre pratique.

Le but de la pratique de méditation n’est pas d’endurer une douleur ou de renier quelque chose qui démange, mais bien d’être et d’agir pleinement avec si nécessaire.

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Piège #6 : Plus c’est long, plus c’est bon

Plusieurs fois, j’ai entendu ces questions et remarques  » Combien de temps faut-il méditer ? », « Moi je médite au moins 15-20 minutes parce que c’est comme ça qu’on devient bien présent. »

Pour commencer, je favorise plutôt des pratiques courtes dans le temps ; soit 5 minutes maximum. Pourquoi ?

Car le plus important, c’est avant-tout la qualité d’attention & de présence qui importent, et non la durée de la pratique. Une fois que la qualité d’attention est présente et peut être renouvelée d’instant en instant; ce n’est plus une question de temps. Pendant une saison de cours de méditation, je fais pratiquer des méditations de 5 minutes et lors du dernier cours, je fais vivre aux participants une méditation de 30-40mn. Intéressant d’observer que tous les participants y arrivent sans problèmes et qu’ils sont même surpris par leur résultat.

En fait, ils ont développé une telle qualité de présence qu’ils arrivent à renouveler constamment que le temps devient un facteur secondaire.

 

Piège #7 : Respirer à fond !

« Il faut que je respire à fond au niveau du ventre », « Je dois bien respirer », « J’arrive pas à bien respirer » sont autant de pensées qui viennent perturber votre pratique.

En ce moment, vous lisez cet article et votre corps respire pleinement. L’air se diffuse naturellement dans toutes les parties de votre corps sans effort et il en est de même lors de votre pratique de méditation.

Certes, il existe des techniques très pointues de respiration spécifique pour dégager les voies respiratoires et centres énergétiques du corps, mais ce n’est pas le but principal de la pratique de méditation. Respirez naturellement par le nez ou la bouche et soyez simplement présent à ce qui se passe en vous et autour de vous pendant quelques minutes. Votre respiration représente un support clé de votre pratique car elle se trouve de fait dans l’ici et maintenant. Vous ne respirez ni dans le passé, ni dans le futur, juste dans le moment présent. En être conscient et vous voilà de fait dans le moment présent quelle que soit la forme et le ressenti de votre respiration (courte, saccadée, longue, profonde, légère,…)

 

Piège #8 : J’ai réussi / pas réussi 

« Ah j’ai fait une belle pratique, j’ai bien réussi à me concentrer », « RRRrrrr, j’suis trop énervé, dissipé pour me concentrer. »

Quelles que soient vos pensées, votre mode de pensée, lors de la pratique de méditation pleine conscience, le plus important est d’être conscient de ce qui se passe. Oui, il y a un mode opératoire, un processus, des consignes à suivre qui représentent juste un guide de votre pratique et non des règles absolues qui définissent une bonne ou une mauvaise pratique.

À nouveau, le plus important est d’être présent et conscient de ce qui arrive ; « Ah je suis très distrait aujourd’hui, mon mental est très actif. » Peut-être avez-vous de la difficulté à poser votre attention et ressentir le calme mental. Mais si votre mental est déjà bien agité, pensez-vous vraiment qu’en envoyant davantage de pensées pour le calmer vous allez le calmer ? C’est comme lancer de l’huile sur le feu…

Votre mental est plus ou moins agité, très bien Il est ce qu’il est au moment où vous pratiquez. Accueillez son état, votre état, et vous serez surpris de l’effet que cela aura dans les instants suivants, au lieu de vous rajouter une pression supplémentaire en voulant autre chose que ce qui est présent.

C’est sûr, chacun de nous préférerait vivre une pratique calme, ressourçante, énergisante. Déjà, reconnaissez, accueillez votre état interne tel qu’il est (sensations, émotions, flux de pensées,…) et vous verrez que votre pratique va en bénéficier naturellement.

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Piège #9 : La méditation c’est très sérieux.

Cela va peut-être vous surprendre mais je pratique et j’enseigne la méditation de manière très ludique.

Le but n’est pas de transformer la pratique en moment d’euphorie, de fou rires ou d’amusement général mais plutôt de garder un esprit ouvert et ludique avec ce qui se passe en nous.

Lors des partages de groupes après les pratiques, il y a souvent de l’humour. Parfois, rire avec soi et les autres est l’un des meilleurs moyens d’aller au-delà d’une difficulté ou de la rencontre d’un état intérieur particulier ou d’une résistance spécifique.

Que ce soit pendant sa pratique ou dans la vie en général, c’est important de se rendre compte à quel point il nous arrive de nous prendre trop au sérieux. Un état d’esprit ludique facilite la créativité ; source infinie de possibilités pour s’adapter, découvrir, créer de moyens propices pour développer de manière souple et fluide notre pratique de méditation.

 

Piege #10 : C’est trop dur, j’y arriverai jamais

En effet, s’asseoir quelques minutes pour s’observer tel que l’on est vraiment et se reconnaître sans artifices demande courage et patience.

Maintenant, la pratique de méditation est l’équivalent de toute pratique physique, sportive, artistique. Cela requiert de l’entraînement. Un entrainement d’une forme différente car moins visible et plus subtil qu’une activité sportive ou artistique facilement identifiable et observable rationnellement.

En tout cas, en quelques séances et pratiques les bienfaits se font déjà ressentir par les participants qui relativisent bien plus facilement les situations personnelles et professionnelles auxquelles ils sont confrontés.

 

Conclusion

Peut-être vous serez-vous reconnu dans l’un des pièges évoqués dans cet article pour vous permettre de bonifier votre pratique de méditation, ou même de vous donner envie de vous initier, d’affiner cette merveilleuse pratique. Pour plus d’informations sur la pratique de méditation, voici un article qui pourra vous inspirer davantage tout en vous apportant quelques notions fondamentales : L’Art de méditer
Merci pour votre attention et au plaisir de contribuer à votre plein épanouissement personnel & professionnel

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