À un moment la lumière fut. Fusa à travers l’espace, dans toutes les directions. Un espace éclairé qui se transformait sur son passage. Pourtant, où qu’elle aille, où qu’elle soit, l’ombre était là.
Pour s’éloigner de cette noirceur qui ne semblait vouloir la quitter, la lumière décida d’accélérer. Encore et toujours avec cette envie d’aller au-delà de l’infini; en une place qui ne serait que lumière et paix. Cependant aussi loin qu’elle filait, la bulle d’ombre ne cessait de l’entourer. Dans une ultime tentative de s’en éloigner, la lumière se projeta dans un espace insoupçonné. Mais là encore l’ombre l’attendait.
Ou peut-être… Se pouvait-il qu’elle l’accompagnait? À ce moment, jaillit de son cœur une simple question « Mais qui était-elle cette ombre? » En guise de réponse, une lente vibration effleura son essence.
– Je suis ce qui te permet d’exister.
De surprise, la lumière vacilla, presque sur le point de s’arrêter (ce qui bien sûr ne lui était pas possible). Elle projeta alors son attention vers cette nouvelle sensation.
– Mais… mais ombre tu sais communiquer. Pourquoi le fais-tu maintenant, après tout ce temps passé?
– J’attendais… j’attendais le moment où tu serais prête à m’écouter. Bien des fois j’ai tenté de te contacter, mais tu ne faisais que t’éloigner dans l’intensité de ta luminosité. Aujourd’hui tu me portes attention et mon intention est de te révéler bien des secrets.
C’est ainsi qu’ombre et lumière commencèrent à échanger, à s’apprécier, à se familiariser au point que leurs voix ne firent plus qu’une : une voix harmonieuse de contrastes nuancés.
À un moment et pour la dernière fois, la lumière s’agita, s’affola. Si un jour l’ombre disparaissait, que deviendrait-elle, elle qui voulait tant briller? Et dans le même courant de pensée l’ombre ajouta « Sois rassurée. Même si ton intensité m’a quelques fois brûlé, je serai toujours là, à tes côtés, pour te permettre d’illuminer».
À cet instant, dans un éclat renouvelé, la lumière prit conscience de tout ce qu’elle était : Lumière d’ombre, clair-obscur d’une paix qui s’épanouirait aussi loin et autant que l’ombre serait.
© Olivier Guérin